Dans l'avion entre Paris et Reykjavik, je discute avec le Stewart islandais pour apprendre les mots de base dans sa langue bien peu commune : une prononciation plutôt rapide, pas un mot en dessous de 10 lettres, un forfait consonne illimité...
On dirait atterrir sur la lune, des champs de roche volcaniques sur des kilomètres.
Nous récupérons notre "Sadcars", Yaris de location très usagé, et allons directement visiter le centre-ville de Reykjavik. J'y trouve des influences nordiques, anglaises et un peu américaines. Dans notre auberge de jeunesse (Bus Hostel), j'essaye de m'habituer à mon énorme sac pour trouver mes affaires et je commets, comme dit Camille, une "erreur de débutant" en laissant ma brosse à dent tout au fond, alors que je m'apprête à m'en servir.

Le lendemain, nous partons pour Thingvellir, lieu d'un ancien parlement Viking. La route pour s'y rendre est surprenante, entre plateaux sibériens et paysages préhistoriques, on ne dirait pas être sur une île. Nous poursuivons par Geysir (des geysers et des bus de touristes), puis par Gulfoss, une énorme cascade où le fleuve d'un plateau élevé se retrouve pris dans des gorges étroites, c'est majestueux. On apprends qu'une famille locale s'est battu au fil des générations pour empêcher la transformation de ce site en barrage hydroélectrique.
Nous arrivons le soir dans notre ferme pour les 2 prochaines nuits (Arabær), tenue par une écossaise et un islandais qui élèvent des chevaux. Nous partagerons le lieu avec 2 Suissesses, qui commencent le tour de l'île.
C'est perdu au milieu des plaines, nous sommes déjà dans les grands espaces que je n'imaginais pas avant le Canada.

Sur conseils de notre hôte, nous prenons la route de Vik. De longs tracets qui passent entre des plaines immenses, au niveau de la mer, et des montagnes découpées par des hautes falaises et des cascades. Parmi elles, nous nous arrêtons à Seljalandsfoss et Skógafoss. Le côté préhistorique de l'île se fait encore plus ressentir avec les diverses marques de l'érosion des paysages. Nous terminons sur une très grande plage de sable noir, à Dyrhóslaey, au milieu de laquelle un rocher volcanique, d'environ 50m de haut, a atterri.
Le soir, de retour à la ferme, je vois le ciel qui se dégage. Je pense directement aux aurores boréales et décide de mettre un réveil toutes les heures de la nuit pour scruter le ciel. En attendant, les occupants de la ferme ont changé : un couple d'anglais, et un autre de je-ne-sais-où, Camille suspecte des origines serbes.
Premier réveil, on sort dans la froid et le vent, ça pique mais on en voit ! C'est blanc, et non vert, comme des longs filaments dont l'épaisseur, la direction, la torsion changent sans réel mouvement visible. Je galère à les photographier, un trépied est nécessaire et nous manque. Deuxième réveil, il fait trop froid dehors, j'ouvre juste le Velux pour observer le ciel. Il y en a encore, plus grandes et lumineuses. Troisième réveil, idem mais comme pour le bouquet final d'un feu d'artifice, une très grande aurore apparaît bien différente. Elle éclaire carrément, scintille, varie rapidement son éclairage par portions, de manière musicale. Ce n'est plus un trait mais des tuyaux d'orgue en relief dans le ciel. J'en ai pleins les yeux. Elle s'éteint et puis plus rien, c'est terminé.

Avant de prendre l'avion pour Washington, nous nous arrêtons à Hveragerði, où des fumeroles sont parsemées un peu partout sur la montagne, remplaçant les arbres. Il fait très froid, mais pas de vent. Nous grimpons sur ces reliefs. Des sources bouillonnantes en altitude se transforment en rivières puis cascades. Tout fume ! Je comprends quand on m'a dit que les nuages d'Europe se formaient ici. Des affluents entre ruisseaux très froids et très chauds créent des cours d'eau où des cailloux ont été placés pour créer des bassins. Je m'y baigne. -2 dehors, 40 dedans. Le panard ! On partage le moment avec d'autres français. Mais on est pas en avance pour prendre l'avion. Je me change vite fait, laisse mes affaires accrochées à mon sac s'égoutter, et c'est la course.
Comme d'habitude, je m'inquiete plus que nécessaire, on est dans les temps. J'ai même le temps de boire un coup et de faire un Skype avec ma mère. On a pas la chance d'avoir 2 places côte à côte dans l'avion, mais je me retrouve à côté du seul français parmi les passagers, ce qui rends le voyage agréable... sans doute plus agréable qu'avec le néo-nazi vêtu de slogans anarchistes et de dessins d'antechrist qui nous lance des regards meurtriers quand nous parlons un peu trop fort. Mais on ne juge pas sur l'apparence ! En tout cas, cela me rassure vis-à-vis des US Customs, s'il entre, nous entrons aussi.