Émilie, notre hôte, nous attends avec Cécilia (une fille rencontrée dans la journée à la microbrasserie Pit Caribou où elle travaille) dans un salon décoré de masques de lutte mexicains. J'avais proposé les truites pour dîner mais il est tard et elles ont déjà diné. On prends donc, bien volontiers, la direction du lit.

On découvre la vue de la maison au petit matin, ou plutôt l'épais brouillard qui la gâche... La maison surplombe l'océan qui est à 50m et on ne le devine même pas. J'ai un mauvais pressentiment pour la visite de Percé, de son rocher et de la colonie de fous de Bassan habitant l'île Bonaventure. On part en émettant l'éventualité de rester une nuit de plus. Le brouillard recouvre toute la région, on y voit strictement rien, 20 mètres maximum. C'est déprimant, inutile de faire du tourisme, on revient chez Émilie avancer sur l'itinéraire avant de les retrouver au pub pour "tester" les bières du coin. S'en suit un gros dîner avec Jean-Guy, un ami, qui ajoute ses truites aux nôtres. Des frites de patates douces (comme au Mosquito à Mateille !), des escalopes de chevreuil, des saucisses locales, du rouge et un "turbojet" qui clôture caaalmement cette soirée, accompagné de l'histoire de l'Acadie, raconté par Jean-Guy.

Même temps le lendemain matin. La pointe de la Gaspésie (Percé et Gaspé) se cache et ne veut vraiment pas nous voir. Nous traçons à travers la forêt et les montagnes à l'intérieur des terres, même la route du bord de l'océan est un détour inutile.
Arrivés sur la côte Nord, on découvre une route magnifique, prise dans un étau entre des falaises dont les nuages cachent les sommets, et une "mer" qui n'est plus l'océan Atlantique et pas encore le fleuve Saint Laurent.
Nous terminons à Cap-au-renard, chez Pauline et Martin. Elle est de Nouvelle-Écosse, lui d'Angleterre, elle est serveuse au Malbord, la microbrasserie voisine (décidément !), il est prof d'anglais pour jeunes québécois. Nous passons une super soirée dans leur petite maison de bois, entre guitare et fajitas.

Je prépare des pancakes avec la délicieuse confiture d'André, avant de partir pour le Parc National de la Gaspésie, armés d'une couverture supplémentaire prêtée par nos hôtes. Nous faisons brièvement le tour de Ste-Anne-Des-Monts et remarquons les premiers préparatifs de la St Jean, fête "nationale" Québécoise.
Arrivés au parc, on opte pour le refuge (températures basses mais prix hauts, je commence à penser que les québécois sont des américains qui parlent juste français). Le dîner, tôt dans la soirée, se fait de conserves chauffées sur le poêle à bois du refuge. Old school mais pratique.

Lever 6h. Direction le Lac aux Américains : spectacle plutôt moyen. Nous retrouvons les jeunes pouces de fougères que nous avions mangées à Maria dans l'ascension du Mont Ernest-Laforce qui nous ravi au sommet (vue à 360° !). L'endroit est réputé pour y voir caribous et orignaux, nous n'en verrons aucun. On termine par une boucle autour de la rivière Sainte-Anne, très belle, et on quitte le parc. Petite pause au Malbord, voir Pauline, lui rendre la couverture et goûter 2 bières, et nous prenons la route, le long du Saint Laurent, avec le soleil couchant. C'est magnifique et apaisant. Nous dormons dans une auberge de jeunesse, un peu hippie, dont l'atmosphère familiale enthousiasme Camille.

Nous nous rendons au Parc National du Bic, petit parc au bord du Saint Laurent, assez peu touristique, fait de petits monts et criques. Des phoques se dandinent sur les rochers pendant que nous traversons le parc à vélo. HIIIIIIII !!! (bruit de mes freins de vélo rouillés) 2 cerfs traversent juste devant moi, j'ai frôlé l'accrochage.
Camille négocie brillamment un motel au black, à Rivière-Trois-Pistoles, où la flemme de cuisiner nous fait manger en guise de dîner... une crème molle !

Il pleut des cordes ! On termine quelques préparatifs pour prendre le traversier vers Saint Siméon, de l'autre côté du fleuve, et poursuivre notre route vers les fjords de Saguenay. Une fois au port, nous patientons sous la pluie avec les autre véhicules, avant de pouvoir embarquer dans le ferry. Seulement, à 10 minutes du départ, on nous annonce que la traversée est annulée, pour cause de mauvais temps de l'autre côté, et ce pour un temps indéterminé. La météo me saoule vraiment, je propose d'aller direct à Montréal. Nadia, l'ancienne collègue de Camille, peut nous y recevoir, c'est parti pour 5h30 de route à travers un Québec plat et sans charme.

Nadia et Thibault ont un bel appart dans une résidence qui fait un peu hôtel. Il fait le même job que moi et venons parfois à parler "boulot". Tout cela me semble déjà loin.
Nous allons passer quelques jours ici, histoire de se poser, visiter gentiment et préparer la traversée du Canada.

Nous parcourons Montréal à vélo : le canal Lachine, semblable au canal Saint-Martin de Paris, le Vieux-Port, le vieux Montréal et sa basilique, le Mile end, quartier où Camille a habité, avec ses juifs hassidiques se promenant en familles (nombreuses !) et ses bagels maison. Le parc Lafontaine fourmille d'écureuils, le piano et l'harmonica d'un bar jazz nous transporte un temps en Louisiane, une smoked meat et de bonnes frites nous font oublier un temps les conserves et les FrancoFolies nous amusent malheureusement à cause d'un chanteur local, Dumas.
Au parc Jean Drapeau, sur l'île Sainte-Hélène, le coucher de soleil est magnifique, en compagnie de 2 pom-pom girls excitées, 2 punks qui se maquillent mutuellement, et 3 hispaniques qui restent collés à leurs appareils photo.
L'ascension du Mont Royal à vélo est moins plaisante, pas seulement à cause du dénivelé, car à Montréal, il y a 2 saisons : l'hiver, et les travaux. La ville est clairement en chantier. La vue au sommet, accompagnée de ratons-laveurs, est une récompense. Tout ce sport doit être récompensé : BBQ !
Enfin, Camille flâne au marché Atwater, je glandouille à l'appart, et on se retrouve le soir chez Claudette pour une poutine. Un classique.

Lors de nos préparatifs de traversée du Canada, nous éliminons Vancouver de notre voyage. Cela nous ferait trop de route pour revenir ensuite dans le Montana.
La veille de notre départ, je pars à 6h avec Thibault et un ami faire de l'escalade vers le Mont Tremblant. J'en ai pas fait depuis des années mais je me débrouille. C'est de l'ascension dite "traditionnelle", c'est-à-dire que la piste n'est pas équipée et que le premier grimpeur s'assure lui-même, ce qui demande mental et sécurité. La journée passe vite et bien entendu, j'ai super mal aux bras lorsque l'on rentre à Montréal, vers 21h.
Tout est prêt, nous partons pour plus de 4000 km pour atteindre les rocheuses canadiennes, en 5 ou 6 jours de route.